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LE PLUS. 44.000 dollars. C’est le montant récolté par un habitant de Columbus, via le site de crowdfunding Kickstarter, pour financer… une salade de pommes de terre ! Cette collecte insolite signe-t-elle la fin du crowdfunding tel qu’on le connait ? Réponse de Mathieu Maire du Poset, directeur général adjoint d’une plateforme de collecte d’argent auprès des internautes.
Le soufflé du « buzz patate » retombe à peine que l’on s’interroge déjà sur ses conséquences auprès du grand public, et bien souvent des journalistes. Le crowdfunding le plus cher de l’histoire pour une salade de pomme de terre, chez nos cousins américains de Kickstarter, laisse un arrière goût de forte confusion des genres.

Que de malentendu sur la réalité de ce qu’est, et de ce que permet, le financement participatif de projets.

Derrière le buzz, franchement drôle et déconnant comme le web aime en faire naître régulièrement, la « potato salad » américaine révèle surtout la méconnaissance du financement participatif par beaucoup d’observateurs.

Le financement participatif, c’est quoi ?

Combien d’articles pour lister les collectes farfelues, et généralement ratées, qui pointent ici ou là sur les plateformes qui font le choix de ne pas sélectionner les projets ? Combien d’analyses sur les « limites atteintes » par le financement participatif ? Et combien d’oppositions stériles entre cette salade qui cartonne et « tous ces projets tellement plus intéressants » qui rament.

L’occasion de rappeler quelques réalités du financement participatif.

1. Un projet doit avoir une portée collective

Sur la majorité des plateformes de crowdfunding, les projets doivent pouvoir concerner une communauté large, et pas uniquement un cercle familial. Et les projets de salade, de permis de conduire, d’études ou de vacances sont proscrits.

2. Les porteurs de projets sont accompagnés

Sur Ulule, tous les porteurs de projets sont accompagnés dans leur collecte, pour les aider à réussir. Ce n’est pas le cas sur Kickstarter par exemple, où les projets passent désormais en ligne sans phase d’échange avec la plateforme.

Ces choix stratégiques entre les différents sites de financement participatifs sont importants, et font partis des aides à la décision pour ceux qui veulent se lancer pour une collecte.

3. Les projets ne s’opposent pas les uns aux autres

Le financement participatif fonctionne grâce au soutien qu’une communauté, plus ou moins grande, peut apporter à un projet. Il n’y a pas de miracles, pas de millions d’internautes qui attendent de faire des dons désintéressés à tous les projets qui passent. Chacun va soutenir les projets qui lui parlent, qui font échos à ses goûts, à ses envies et qui lui ont été recommandés par sa propre communauté (amis, amis Facebook, followers Twitter etc.).

Et les milliers d’internautes qui se sont amusés à soutenir « pour le fun » la salade de patate n’étaient pas partis pour aller spontanément soutenir un autre projet dont ils se seraient détournés. Mais un grand pourcentage d’entre eux aura découvert le crowdfunding à cette occasion, et soutiendra plus tard d’autres projets, sans doute bien plus intéressants.

4. Il n’y a pas de lassitude du crowdfunding

Et loin de là ! Certes, certains milieux ultra-connectés voient de plus en plus régulièrement des collectes circuler. Mais le vrai grand public n’est pas encore été touché et découvre à peine ce type de financement et ses possibilités. Seuls 3% des Français disent avoir déjà soutenu une campagne ! La maturité de ce marché est loin d’être atteinte.

Une bonne chose pour la notoriété du crowdfunding

Au final, ce « buzz patate » aura surtout permis d’accroître encore un peu plus la notoriété du financement participatif, même si cela s’est fait autour d’une « vraie-fausse » collecte.

Et malgré la confusion qu’elle a créé chez certains nouveaux utilisateurs, elle aura aidé à faire découvrir les services de nombreuses plateformes encore à un plus large public, dont l’on sait déjà qu’il reviendra soutenir des projets créatifs, solidaires, culturels, innovants ou d’entreprises.