FASTLIFE – Thomas Ngijol réalise un film hybride sur l’air du temps.


« C’est la trajectoire d’un mec moyen »
Thomas Ngijol en solo et à fond, c’est dans « Fastlife », une comédie sociale décalée et touchante. Rencontre.
Comédie ou réflexion philosophique ? Parodie ou premier degré ? Démarche sincère ou simple machine à fric ? En sortant de la projection de « FastLife », second film de Thomas Ngijol, on a l’esprit encombré d’une multitude de questions. Quel est le véritable message de ce film sur un sprinter français tombé dans l’oubli après une grande performance de classe internationale ? On balance entre le « Tous pourris » et « Il y a toujours un espoir de rédemption ». Cette indécision est-elle aussi voulue ? Nouvelle interrogation dont on n’a pas plus la réponse…
Comme nombre de petits Africains, Franklin Ebagé (Thomas Ngijol) est repéré par un agent français. Il rejoint la métropole et progresse rapidement dans sa discipline de prédilection : le sprint. Jusqu’à la consécration, une médaille d’argent aux Jeux Olympiques. C’est la belle vie. Un temps… Le film, après cette intro très paillettes, débute sept ans plus tard. Franklin n’est plus au top physiquement, mais dans sa tête il est toujours persuadé d’être le meilleur. Il redescend sur terre quand son agent (Julien Boisselier) lui annonce que son image ne fait plus vendre. Il n’est plus la « liste » des équipementiers. Tout ce qu’il peut lui proposer c’est une campagne de promotion pour des… poulets fermiers. Grandeur et décadence ! Et pour couronner le tout, sa copine Pauline (Karole Rocher) lui annonce qu’elle est enceinte.
Dans Fastlife, Thomas Ngijol est Franklin Ebagé, athlète mégalomane « né pour briller » mais surtout obnubilé par l’envie de briller à n’importe quel prix, lui qui refuse d’accepter ce qu’il est, un mec moyen. Première réalisation solo du complice de Fabrice Eboué, cette comédie nous plonge au coeur de ce mode de vie autodestructeur dont a su revenir Thomas Ngijol… Son film, sa vie, sa famille : à l’occasion de la sortie du film, l’acteur-réalisateur se livre.

Olivier Marchal irrésistible
Entre grosse comédie et presque drame social, la frontière est étroite parfois. En montrant le chemin de croix de cet homme trop vite adulé par les foules, Thomas Ngijol frappe parfois juste. Mais la caricature semble toujours l’emporter. Saluons au passage la composition parfaite d’Olivier Marchal, en gros bonnet de la volaille estampillée « Made in France », ancien rebelle rock reconvertit au capitalisme cynique. Le flic aux rôles sombres et dépressifs donne de plus en plus à sa carrière un côté fun et rigolo.
Reste le retour au pays natal (Aimé Césaire est d’ailleurs cité) de Franklin. Dans ce Cameroun grouillant de vie et de jeunesse, non contaminée encore par les artifices de la vie moderne, le sprinter se ressource, retrouve ses racines et la volonté de vaincre. Les dernières scènes du film, tournées dans le Stade de France durant un authentique meeting d’athlétisme, est un tour de force étonnant, le comique parvenant à remporter un 100 mètres de légende face aux meilleurs spécialistes. Mais là aussi il faut nuancer le propos, Thomas Ngijol ne semble jamais se contenter d’une seule et unique fin.


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