Halima Mourid la recette du succès

Halima Mourid la recette succès

Qui aurait cru que Halima Mourid, autodidacte passionnée de cuisine, serait la grande gagnante de la première édition de Masterchef Maroc ? C’est bien connu, on n’a rien sans rien, et c’est à force de persévérance qu’elle a su gravir les échelons pour atteindre le sommet. Portrait.

Halima Mourid, 30 ans, aînée d’une fratrie de trois enfants, est une femme au visage constamment fendu d’un sourire sincère. Très volubile, elle a le contact facile et notre entrevue sera d’ailleurs maintes fois interrompue par des fidèles de Masterchef, qu’elle accueille chaleureusement. “Je suis très souvent interpellée dans la rue. Au départ, c’était un peu bizarre et cela me mettait mal à l’aise. Mais je remercie le Ciel car les Marocains sont fiers et m’approchent avec beaucoup de bienveillance”, nous confie-t-elle avec toute l’humilité qui la caractérise.

Telle mère, telle fille !

Au gré des mutations professionnelles de son père, fonctionnaire au Trésor public, la petite Halima connaît une enfance heureuse à Safi, puis à Youssoufia. Choyée par des parents qui, longtemps, ont eu du mal à procréer, elle n’est pourtant pas une enfant capricieuse. Elle aime passer du temps avec sa mère, fin cordon-bleu, qu’elle observe avec attention dès lors qu’elle investit ses fourneaux. “Tout ce temps partagé avec ma maman, à analyser, décortiquer les étapes de préparation de différents plats traditionnels est à ce jour mon meilleur bagage. La cuisine, c’était son antre, pas question pour elle de céder sa place! Quant à la mienne, elle se trouvait sur les bancs de l’école”, se souvient-elle. Mais si son amour pour la cuisine est survenu assez tôt, c’est celui avec un grand “A” qui changera sa vie…

Une nouvelle vie

En 2002, elle rencontre son futur mari, un Marocain résidant en Espagne, alors qu’il était en vacances au Maroc. Après leur mariage, ils élisent domicile à Ciudad Real, à 200 kilomètres de Madrid, où elle multiplie les petits boulots avant de tomber enceinte et de choisir de devenir mère au foyer. Si “derrière chaque grand homme se cache une femme”, l’inverse est vérifiable pour ce couple. Sa tendre moitié la poussera à se débrouiller seule, afin d’apprendre la langue et devenir autonome. “Lors de nos sorties, mon mari m’a toujours poussée à aller vers les gens pour mettre en pratique tout ce que j’ai pu apprendre en regardant la télé ou en surfant sur Internet. Je suivais une émission de cuisine, notamment, et je notais phonétiquement les mots que j’entendais pour chercher ensuite leur signification dans un dictionnaire. C’était devenu obsessionnel !” nous confie-t-elle, tout sourire. La grande force de Halima, c’est qu’elle ne baisse jamais les bras. Sa devise :  toujours aller au bout des choses.

La soif d’apprendre

La langue, elle l’a donc acquise en mêlant intelligemment l’utile à l’agréable car en parallèle, sa maîtrise de l’art culinaire va en grandissant. En 2010, elle décide alors de créer son propre blog sur lequel elle publie des vidéos de recettes de son cru. Sa touche personnelle : marier les spécialités marocaines et espagnoles. Mais son point fort reste la pâtisserie, une science exacte qui sied parfaitement à cette perfectionniste. Elle a d’ailleurs occupé la seconde marche du podium de “Deja sitio para el postre” (Laisse de la place pour le dessert), l’équivalent espagnol du “Meilleur pâtissier de France”. Une expérience qui lui ouvrira les portes d’un monde qu’elle a toujours rêvé d’intégrer…

Et pourquoi ne pas avoir participé à Masterchef en Espagne ? “Tout bon cuisinier se doit de goûter avant de présenter ses plats. Les Espagnols affectionnent beaucoup la viande de porc et je dois avouer que ça a été le principal frein à ma participation”, admet-elle.

C’est tout à fait par hasard qu’elle découvrira que le casting de la version marocaine est en cours, en recevant un Tweet que lui envoya l’un de ses followers pour l’encourager à y participer. “J’ai choisi de passer le casting à Marrakech. Après avoir reçu ma convocation, j’ai eu six jours pour imaginer ma recette, trouver des fonds, prendre un billet d’avion et tout organiser! Mon entrée dans la compétition, je la dois certes à mon couscous façon paella, mais aussi, une fois de plus, au soutien inconditionnel de mon mari.”

La consécration

C’est donc après un marathon culinaire de douze semaines, durant lesquelles elle sera quasi coupée des siens, que Halima sera sacrée vainqueur du concours, le 23 décembre dernier devant des millions de téléspectateurs, et gagnera la coquette somme de 400.000 dirhams. Son meilleur souvenir, mais aussi le pire, reste incontestablement l’épreuve de la demi-finale, celle de l’aéroport, qu’elle a remportée après un démarrage chaotique. “Pour cette épreuve, l’épicerie ne m’inspirait absolument rien. On devait concocter un menu destiné à être distribué en business class sur les vols de la RAM et les produits mis à notre disposition ne me semblaient pas assez nobles. De plus, j’étais épuisée et ma famille me manquait terriblement. J’ai eu un gros moment de doute, mais pas question d’abandonner si près du but ! Le comble, c’est que c’est mon menu qui a été retenu et cerise sur le gâteau, j’ai remporté deux billets d’avion pour la destination de mon choix. Mon mari et moi partirons donc à l’Omra pendant le mois de Ramadan, inch’Allah”, nous dit-elle les yeux étincelants. En attendant, les sollicitations se multiplient. “J’envisage la publication d’un livre de cuisine, une émission de télévision… mais je ne peux en dire davantage car rien n’est encore sûr”. Ce qui l’est, en revanche, c’est que nous n’avons pas fini d’entendre parler d’elle…